Marky Ramone’s Blitzkrieg – Le Métronum, Toulouse, 30.05.2025

À 72 ans, Marky Ramone perpétue toujours sur scène l’héritage des Ramones avec une rigueur et une énergie qui semblent défier le temps. Seul survivant du line-up classique du groupe, celui qui occupa le poste de batteur entre 1978 et 1996 incarne aujourd’hui la mémoire vive de cette formation mythique. À cette occasion, le batteur sillonne actuellement la France et l’Espagne avec son groupe et a posé ses futs en ce soir du 30 mai au Metronum de Toulouse dans le cadre d'une tournée en forme d'un hommage vibrant à l’un des groupes fondateurs du punk rock. Et le gardien du temple a la farouche volonté de perpétuer avec ferveur l’héritage sonore et scénique des Ramones, au travers d'un show intensément fidèle à l’esprit d’origine... Hey Ho ! Let's Go !

Ce soir, pas mal de fans aux tempes grisonnantes se sont donc donné rendez-vous au Metronum pour une soirée hautement revival. Et avant même que la soirée commence, tout le monde est prêt à la déferlante sonore qui va s'abattre. La formule du concert ? Elle repose sur une mécanique bien huilée : quatre musiciens sur scène — batterie, guitare, basse et chant — enchaînent sans interruption une trentaine de morceaux dans un format condensé d’environ 1h15. Bref, à l'image d'un live d'antan des Ramones, on sait que le rythme sera soutenu, direct, sans digression et dans la pure tradition des concerts express des américains avec des enchaînements fulgurants. La blitzkrieg selon Marky Ramone, quoi...

Car le batteur ne s'en est jamais caché : son groupe composé à la façon d'un tribute n'est pas là pour faire une relecture de l'oeuvre des Ramones comme le fait parfois l'ex bassiste, CJ Ramone. Ceci étant, les concerts de Marky n’ont rien d’un simple hommage figé : ils ressuscitent avec force l’élan vital du punk new-yorkais dans une forme brute, directe, sans fioritures. Ici, pas de réinvention ni de mise au goût du jour : ce qui se joue, c’est une fidélité presque maniaque aux morceaux tels qu’ils ont été enregistrés et joués dans les années 1970 et 1980. Ainsi, dès « Do You Wanna Dance ? » qui ouvre le début des hostilités, les brûlots s’enchaînent sans pause, portés par une batterie métronomique et un son saturé, sec et ultra nerveux. Rien n’est laissé au hasard : chaque titre, de « Teenage Lobotomy » à « Now I Wanna Sniff Some Glue » en passant par « Beat On The Brat » ou « Commando » est livré dans sa forme originelle, comme si l’on avait remonté le temps jusqu’aux premières heures du CBGB.

Ainsi, en l'espace de quelques notes, le concert prend vite la forme d’un assaut sonore au travers de 35 morceaux interprétés à la suite, sans interlude autre que les fameux « one, two, three, four » déclamés par le bassiste. Le public du Metronum, lui, est immédiatement happé par les classiques « Rockaway Beach », « The KKK Took My Baby Away » ou « Sheena Is a Punk Rocker » toujours aussi nerveux. D'ailleurs, cette cadence soutenue transforme le concert en expérience physique pour les musiciens qui jouent en downstroke sous la chaleur des lumières. Ça suinte le rock n' roll sous le cuir... au sens propre comme au figuré ! De fait, l'audience plonge donc  tête la première dans le répertoire fondamental des Ramones ô combien solide, même 30 ans après son split (« Pet Sematary », « I Wanna Be Sedated », « Gimme Gimme Shock Treatment » ou « Cretin Hop »)...

Mais au-delà du simple corpus Ramones, le set ne renie pas les racines musicales qui ont nourri le groupe. Ainsi, le choix de reprendre « Do You Wanna Dance ? » de Bobby Freeman, « Let’s Dance » de Chris Montez ou encore « California Sun » de Joe Jones inscrit la filiation directe du rock n’roll des années 1950 et 1960. De même, des titres comme « Surfin’ Bird » (The Trashmen) ou « Needles and Pins » (Jackie DeShannon) révèlent aussi l’influence de la surf music et de la pop garage, digérées par les Ramones dans une forme énervée et électrifiée dès leur début de carrière. Quant à « R.A.M.O.N.E.S. », la reprise de Motörhead en hommage aux Ramones, elle rappelle que le groupe a aussi été une large influence pour les générations suivantes, au-delà de l'univers punk.

Sur les planches, l’économie de moyens est frappante. Pas de décor, pas d’effets, pas de mise en scène grandiloquente. Les musiciens, sont statiques, concentrés, presque austères à l'image de feu Joey, Johnny et Dee Dee dont ils reprennent les gestuelles (« I Don’t Care » ou « I Just Want to Have Something to Do »). Marky Ramone, lui, ne quitte pas sa batterie, enchaînant les titres avec une précision implacable voire monolithique. L’ensemble produit une tension étrange entre la rigueur instrumentale et la froideur qui s'en dégage, tant il y a peu d'interaction avec le public et même entre musiciens.  C'est donc du Ramones pur jus, jusqu'au bout des ongles !

Cependant, l'audience du Metronum ne boude son plaisir de (re)découvrir sur scène l’urgence et la radicalité du punk rock des Ramones dans sa forme la plus authentique. Le pit bouge pas mal et de nombreux fans hurlent avec ferveur les paroles et les refrains des morceaux à l'instar de « Judy Is a Punk », « Pinhead » ou « Listen to My Heart ». La froideur des musiciens sur les planches provoque paradoxalement une forme de communion devant la scène... Et c'est là tout le tour de force de Marky Ramone !

En effet, déjà passé par le sud de la France (à la Secret Place de St Jean de Vedas) il y a une petite dizaine d’années avec une première version de son Marky Ramone’s Blitzkrieg, le batteur poursuit encore et toujours cette mission de transmission de l'esprit des Ramones sans jamais la réduire à une simple redite nostalgique. Ainsi, il n’adoucit rien, ne commente rien et ne contextualise pas. Derrière ses fûts, l'homme joue, simplement, comme si l’urgence d’hier était encore celle d’aujourd’hui. Et c’est peut-être ça qui rend l’expérience si puissante. Le punk rock qu’il défend est donc loin d'être une nostalgie, mais plutôt un présent perpétuel qu'on se prend dans les dents au travers de 35 morceaux expédiés avec rigueur et fureur. On a la sensation de (re)vivre un petit fragment de ce qui a fait l’histoire des Ramones...

Ainsi, en seulement 1h15 pour plus de 30 titres, Marky Ramone’s Blitzkrieg s’inscrit dans une démarche de préservation de l’identité sonore et scénique des Ramones, sans compromis ni actualisation superflue. Le batteur réussit sa transmission directe et sans filtre de ce qu’a été la musique live du groupe :  brutale, rapide, directe et terriblement vivante. Le tout en moins de deux minutes par morceau... chapeau !

Setlist Marky Ramone's Blitzkrieg

  • Do You Wanna Dance ?

  • Havana Affair

  • Teenage Lobotomy

  • Commando

  • Beat on the Brat

  • Let's Dance

  • Surfin' Bird

  • Judy Is a Punk

  • I Wanna Be Your Boyfriend

  • I Believe in Miracles

  • The KKK Took My Baby Away

  • Pet Sematary

  • I Wanna Be Sedated

  • California Sun

  • I Don't Care

  • Sheena Is a Punk Rocker

  • Now I Wanna Sniff Some Glue

  • We're a Happy Family

  • Rockaway Beach

  • Gimme Gimme Shock Treatment

  • Have You Ever Seen the Rain?

  • Oh Oh I Love Her So

  • I Just Want to Have Something to Do

  • Pinhead

  • Cretin Hop

  • Needles and Pins

  • Rock 'n' Roll High School

  • R.A.M.O.N.E.S.

  • You're Gonna Kill That Girl

  • Chain Saw

  • Glad to See You Go

  • I Don't Wanna Walk Around With You

  • Listen to My Heart

  • What a Wonderful World

  • Blitzkrieg Bop

Crédits photos : Vincent BN. Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe



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