Devon Irons, plus qu'un nom, une voix magnifique qui a enregistré 2 classiques du roots avec « When Jah Come » et « Ketch Vampire » pour Lee Perry sur Black Art mais aussi son propre label Cannon Ball. Retour sur un artiste humble et discret mais ô combien attachant.

Les débuts de Devon Irons
Né Christopher Irons en 1952 à Morant Bay dans la paroisse de Saint-Thomas, en Jamaïque, il est surnommé Devon par son instituteur, nom qu'il gardera toute sa vie.
Une enfance insouciante très vite brisée, son père se tue dans un accident de la route juste devant ses propres enfants. Pour faire vivre sa famille, Devon Irons quitte l'école à 12 ans pour travailler : jardinier, employé de maison, pêcheur ouvrier sur un chantier de construction, Il devient par la suite peintre décorateur, un métier qu'il gardera longtemps dans sa vie.
À l'âge de dix-huit ans, Devon Irons et sa famille s'installe à Santa Cruz, dans la paroisse de Sainte-Élisabeth. Devon Irons commence à explorer ses talents musicaux. Il vend son vélo pour s'acheter une guitare et commence à écrire des chansons.
En 1974, il fonde son propre label , baptisé Cannon Ball Records, qui est un clin d’œil affectueux au surnom de son père. Il distribue et vend lui-même ses disques, notamment sa toute première chansons « Last None Train ».
Sous la houlette de Lee Perry
L'année suivante, il s'installe à Waterhouse, bien connu des amateurs de reggae pour son style. La première chanson lors de la rencontre avec Lee Perry (1936-2021)est « When Jah Come ». Dès les premières paroles, le fou génial demande aux musiciens un riddim et Devon Irons enregistre dessus
Quand Jah Jah viendra, je vois le feu de l'enfer brûler
Quand Jah Jah viendra, Babylone devra courir.
le second morceau est « Ketch Vampire » . L'écriture de cette chanson se fait au moment même où la tension politique entre 2 ghettos était à son comble. On ne peut aussi que conseiller la version étendue `discomix` de ce titre avec Dr Alimantado,
Obadiah, Obadiah *
Jah Jah, envoie-nous ici pour attraper un vampire.
(* Obadiah, qui veut dire « serviteur de Jah » en hébreu, est l’un des prophètes de la Bible. Il écrit le plus court livre de l’Ancien Testament : 1 chapitre, 21 versets. NDLR)
Malheureusement, ces deux titres n'ont pas eu de gros succès en Jamaïque, mais bien plus en Angleterre et international. Sinead O'Connor (1966 - 2023) reprends même « Ketch Vampire » sur un album en 2005, sans que l'auteur en soit au courant. Malgré la renommée et la popularité internationales de ces chansons, l'artiste lui-même ne reçoit aucune récompense financière ou personnelle pour son travail.
Petite carrière avec Tommy Cowan et retour aux sources
L'après-période Lee Perry se fait avec Tommy Cowan pour lequel il enregistre l'excellent « Jerusalem » avec les frères Lewis, d'Inner Circle. Ensuite viennent les chansons « Mary », « Bright was the night » et « Differents song ». Même si, après le début des années 80, il donne quelques concerts, retourne ensuite à sa vie de peintre, avant de partir pour Saint-Mary au début des années 2000, où il est devenu cultivateur. Les années passent, devenant décennies. Le quotidien de Devon Irons est faite d'une vie loin de l'univers musical, même si des fans s'arrachent à prix d'or ses 2 45 tours de l'époque de Lee Perry.
2025, Il est hospitalisé quelques semaines pour des problèmes respiratoires qui s'étaient aggravés. Malheureusement rentré chez lui il était affaibli, et s'éteint dans son sommeil quelques jours plus tard.


Christopher 'Devon' Irons
16 janvier 1952 - 20 mai 2025 RIP
Photos avec l'aimable autorisation de Carl Finlay
Article réalisé avec la permission et l'aide précieuse de Carl Finlay
(l'article est tiré en partie grâce à l'interview qu'il avait publié sur Reggaeville en 2020)